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DANGER : leçon de paranoïa où comment l’expatriation dilate la réalité

Posted in Big A(frica), Des humains supra chouettes, Hors case, Kenya, Mensonges et plus si affinités with tags , , , , , , , on 11 novembre 2011 by violemmenthumaine

Vous savez, ou pas, qu’en ce moment le pays, la ville où je vis, sont DANGEREUX.

Tindindinnnnnnnnnnnnnnnnnnn.

Pour celles et ceux qui n’auraient qu’une idée aussi précise que les informations des JT de ce dont je peux bien parler : depuis quelques années, les Somali, ou plus exactement les al shebaab, c’est-à-dire les jeunes en arabe, ont magistralement renouveler l’art injustement oublié de la piraterie (mais sans les dreadlocks de Johnny D. ni l’option libertaire du XVIIème).

Depuis quelques mois, les mêmes ont décidé que les mers ne leur suffisaient plus et que les Blancs, ces supposées cornes d’abondance obscènement riches, feraient une bonne monnaie d’échange (ce en quoi ils se sont largement plantés, mais en même temps personne de sensé n’a jamais pensé que la capacité d’analyse et d’anticipation est la marque de fabrique des shebaab). La côte du Kenya, avec ses plages paradisiaques et sa culture africo-arabo-indienne aux multiples charmes architecturaux, musicaux, alimentaires, attire depuis longtemps les touristes : Lamu et son charme pittoresque patati patata.

(Non, ma maison ne ressemble pas à ça). Intérieur à Lamu, réalisé par l'architecte Claudio Mondola.

Si vous êtes blindé de thune, vous pouvez par exemple séjourner dans cet hôtel, le Majilis Lamu resort...

Faut avouer que ça n'est pas moche, Lamu...

Ahhhhhhhhhhh les côtes de l'océan indien à Lamu: ses palmiers, son eau turquoise, son paludisme, son tourisme sexuel, ses pirates...

Sauf que depuis septembre, un certain nombre de touristes, le plus souvent vieux, ont été enlevés. Et, parfois, tués. Comme, lorsqu’on est intelligent, on ne manque jamais une occasion de tenter de se faire de la maille, les drôles ont même une fois demandé de la thune pour rendre le corps (c’est-y-pas mignon ça ???)

Ajoutons à cela la

criiiiiiiiiiiiiiiiiiiiise

humanitaire. Et non, je ne fais pas du cynisme horribilicieux et totalement choquant. Sans entrer dans les détails parce que tout de suite ça serait moins funky et tout et tout, sachez juste que, comme un nombre certains d’autres « crises humanitaires ultra médiatiques », celle de la corne de l’Afrique et des camps de réfugiés du nord du Kenya, où les somali continuent d’affluer (continuent, parce que le camp dont vous voyez des stars pleines de bonne volonté parler en pleurant à la télé, en l’occurrence Daadab, existe depuis plus de 15 ans. Oui, quand  même) n’a RIEN d’une catastrophe « naturelle » où le problème réel serait la « famine » due à la « sécheresse », et que, depuis le temps, il faudrait peut-être se demander si l’aide ne participe pas au problème, en fait. Passons.

Reprenons, donc. Ajoutons à cela la criiiiiiiiiise humanitaire du nord du Kenya  tel que Mandera ou le camp de Daadab et leur folklore si typiquement « africain ».

Dadaab. Un camp de réfugiés quoi. Plus gros que pas mal d'autres, c'est vrai. Mais pas différent.

Notons qu’assez étrangement, quand on parle de malnutrition ou de famine, nos télés ne nous montrent jamais ça:

Eh ouiiiiiiiii. La pauvreté, en Europe, en France même, ça donne les mêmes effets qu'en Afrique.

Mais toujours ça:

Puisqu'on vous dit que la malnutrition, c'est A-FRI-CAIN. Non mais!

Or, cette crise humanitaire se corse un peu ces derniers temps puisque des « gentils », les beaux et preux HP* ont, eux aussi, été enlevés, dont les chevaliers sans peur et sans reproches de Médecins Sans Frontières.

Tout ça pose des problèmes au gouvernement kenyan : un gros trou dans les importations et les rentrées économiques, alourdi par une diminution pas vraiment légère du tourisme, principale source du PNB kenyan (les safaris, tout ça tout ça, le sourire et le charisme de Redford et la bonté de Karen Blixen magnifiée par Meryl Streep dans Out of Africa, whaouuu). Puis tout cela s’est fait sur LEUR territoire. Et puis l’an prochain, il y a les élections présidentielles (bin oui, y’a pas qu’chez nous ^^).

Alors Kibaki:

Kibaki, c'est lui: le président du Kenya depuis 2006

Kibaki, donc, a décidé, assez logiquement tout de même, de faire la guerre aux vilains al shebaab (ou shabaab). Il a conséquemment envoyé ses troupes au nord du pays, et même au sud de son voisin la Somalie. Le Kenya est donc en guerre, non contre la Somalie, plutôt contente de l’intervention kenyane, mais contre les mouvements rebelles shebaab.

Tout ça se passe au nord du Kenya, soit à plusieurs centaines de kilomètres de Nairobi, où la vie n’a pas changé d’un poil, et où la population, largement hostile aux shebaab et aux somali en général, est très contente de cet état de fait.

Sauf que, il y a quelques semaines, les vilains shebaab ont lancé, à deux reprises, des grenades en plein centre ville de Nairobi, une fois dans un bar fréquenté par la petite classe moyenne kenyane, le jour d’après à une station de bus (les dits bus sont à 99% fréquenté par des kenyans).

Et là, depuis, c’est….. N’importe nawak. L’Ambassade de France, mais aussi celle d’Angleterre et des USA, la plupart des gros trusts et…. Putain, ouais, des ONG ont imposé des mesures de couvre-feu (genre c’est pas bien de sortir après 19h30), préconisant de ne plus aller faire ses courses aux supermarchés, etc etc etc.

Hum.

Je vous vois déjà, là au fond et puis aussi devant, dire que c’est normal, encore heureux et que c’est moi (et puis aussi mon barbu, et mes potes ici aussi) qui ne suis qu’une inconsciente and so so…

Bon.

Alors, je pourrais jouer la vieille HP burnée, et expliquer que c’est un peu bizarre d’imposer des règles de sécurité plus strictes dans une ville en paix et avec un degré de corruption et de violence moins lourd que dans nombre de cités de pays « développés » que je ne les ai vues dans des coins VRAIMENT en guerre (genre où tu vois plus de kalach dans la journée que de mégots sur un trottoir à la sortie d’une boîte de nuit parisienne ; genre où tu as autant les foies quand tu rencontres un policier du pouvoir central que lorsque tu croises un milicien de 11 ans perché à 10 miles), mais ça ferait un peu too much (même si c’est vrai, croix de bois croix de fer si j’mens j’vais en enfer) et ça vous convaincrait pas plus.

Par contre….

Rappelez-vous….

1986 à Paris…. 7 attentats. Celui de la Rue de Rennes. 1995. RER B (ou C ??) à Saint-Michel. Pas une ou deux grenades, là. Des bombes. Pas 2 morts, là. Des dizaines. Comme à Madrid en 2004 (191 morts !), à Londres en 2005 (55 morts, 700 blessés).

Y’a-t-il eu des « couvre-feu » ? Y’a-t-il eu désertion des quidams dans les rues et les supermarchés ?

Ah bin non.

…. … … …

Ce qui est d’ailleurs logique, même en cas, comme cité ci-dessus, de VRAIES menaces terroristes. Pourquoi ? Parce que le propre du terrorisme, c’est justement de frapper, en apparence du moins, AU HASARD, de manière à ce que les gens ne se sentent plus en sécurité NULLE PART. Et si on s’arrête de vivre, on a déjà perdu. Et ce n’est pas comme si cela servait à quelque chose…

Donc, deux solutions : ouais, bien sûr, tu peux rester cloîtré chez toi et ne plus vivre que de boîtes de conserve puis de ragoûts de bottin, mais là, c’est juste… comment dire. Stupide ? Ouais, stupide.

L’autre solution, c’est de continuer de vivre –presque- exactement comme avant.

Là, l’ampleur des consignes données par « les représentants des occidentaux » est juste… Aberrante ? Grand-guignolesque ?

En fait, comme je suis une grosse tordue et que je traîne mes guêtres inutiles parmi les gens et les endroits bizarres de la planète (la jungle congolaise, les ghettos du 94, la Corrèze, les quartiers à putes de Kinshasa, la Corse etc.), je me dis, et ça ne m’aide guère à me rapprocher de « ma » communauté ici, que ce n’est, encore une fois, que l’illustration de la dilatation des représentations des communautés expatriées.

Keskece de koi elle parle la donzelle ?

Bin, de ça : quand tu es blanc expatrié en Afrique, tu :

1)      Adooooooooooooooores l’Afrique mais trouves systématiquement que TOUT est « moins » que « chez toi ». Moins efficace, moins organisé, plus « n’importe quoi ». Par exemple, ICI, « les démarches administratives sont parfois fastidieuses » (parce que tout le monde sait, qu’en France, Belgique ou aux States, l’administration c’est übber funky winky) ; « il faut 2 JOURS et 4 magasins différents d’affilée pour réussir à trouver un filtre à aspirateur de rechange » (y’a-t-il besoin de faire un commentaire là-dessus ?….)

2)      Ton pays c’est super de la balle-qui-tue, tu idéalises à mort, et voilà. Tu n’y as pas mis les pieds depuis 15 ans autrement qu’à Noël et pour farnienter ? No soucy, tu ES et RESTERAS A VIE français/hollandais/italien, donc TU SAIS que « chez toi », c’est MIEUX : ainsi, cela donne du relief carrément surréaliste au point 1 sus-mentionné.

Par exemple : tu as des enfants scolarisés. Ici à Nairobi, (et vues nos expériences familiales précédentes, je peux certifier que ce n’est pas toujours comme ça, loin de là), l’école française, outre le fait d’avoir une équipe pédagogique fantastique, offre des services trop de la balle : d’abord, les horaires ne sont pas absolument incompatibles avec le fait que l’élève ait des parents qui travaillent ou qui ont tout simplement une vie à coté de leur progéniture (à Kinshasa par exemple, l’école commençait tous les jours à 7h et ne finissait jamais après 13h. Oui. Songez aux implications logistiques familiales et sociales pour les mômes. Du bonheur) ; ensuite, pur la première fois hors de France (en ce qui nous concerne), l’école propose une cantine (et un service de ramassage scolaire aussi. Et une cinquantaine d’activités périscolaires pour tous les goûts et tous les âges, aussi. Genre c’est quand même de la balle moi je dis.)

Tu mets donc ton/tes (en général, les expatriés ont toujours plusieurs mômes, 3 en moyenne. Je n’ai toujours pas déterminé si c’était le facteur thune, droite réac catho ultra libérale, le fait que la plupart des femmes soient « au foyer » ou une forme de mimétisme local qui est à l’origine de cet état de fait) gamins à la cantine. Et après, tu te plains que « c’est horriblement cher et d’un niveau absolument déplorable. Payer ce prix pour un quignon de pain est hors de question, j’ai enlevé mes fils dès que j’ai pu ».

Alors…. Le prix exorbitant est …. Roulement de tambour de 440 shillings kenyans par repas en primaire, un peu moins en maternel et un peu plus en secondaire. Soit…. 3,40 euros. Hum. Oui, c’est bien le prix moyen proposé de restauration scolaire en France, sauf si tu es un peu pauvre et que tu habites dans une commune avec politique sociale !

Quant au « quignon de pain », euh…. Je ne vais même pas faire dans le subjectif ni imposer les délires dithyrambiques de mon gnome personnel (qui a  supplié de rester à la cantine tous les jours. Une première), je vais juste mettre, au hasard, la liste de menus pour une quinzaine hein. Le quignon de pain a super bon dos moi je trouve.

Ouais, bin moi je n'ai jamais eu de tels menus même en restau d'entreprise. J'dis ça j'dis rien...

Tout ça pour dire que le risque sécuritaire à Nairobi, c’est comme le prix exorbitant de la cantine à l’école française : une déformation de la réalité (pour le moment du moins hein, je ne sais ce qu’il en sera dans le futur) par le biais des lentilles de l’expatriation.

Poil au fion.

Rien que pour le plaisir. Na.

Posted in Act up!, Hors case with tags , , , , , , , , , on 6 juin 2011 by violemmenthumaine

Oyez oyez braves gensses, l’histoire de tout ce que l’on ne fait pas.

 

Il existe tout plein de raisons pour lesquelles on ne fait pas les choses hein :

  • genre on n’a pas le temps,
  • genre en fait on ne veut pas le faire et notre Inconscient plus moins débordant sur les côtés là au milieu fait son intéressant.
  •  et puis il y a la grande magique  et puissante et omniprésente on line procrastination, (mais pourquoi ??? Je veux dire, avant Internet, qui, hors quelques fanas de linguistique et autres universitaires, utilisaient le mot « procrastination », hein ? Vi, on est d’accord, personne. Et après on dit que les nouveaux medias mènent à l’appauvrissement du langage 😉 ).

 

Et puis celles dont je vais parler là maintenant : les choses que l’on ne  fait pas en prévision de, parce que l’on n’a plus 15 ans, que l’on est adulte, que l’on pense aux conséquences et que l’épicurisme a ses limites et tout et tout et tout. Les choses que l’on ne fait pas parce que si on les fait on risque de le regretter « plus tard » au cas où le truc Y se passerait, le plus tard étant, par définition, hypothétique et surtout totalement imprécis.

Je ne sais pas si vous souvenez de ça malgré sa date préhistorique à l’échelle internaute (1999) :

 

Aussi incroyablucinant que cela paraisse, ceci était l'un des trois panneaux d'une campagne ministérielle.

 

 

En ce qui me concerne et depuis que je mesure plus de deux pommes à genoux, j’ai toujours été plus intéressée par la moitié gauche.

Non pas que la miss piercée sur cette affiche à durée de vie limitée (c’est clair que le thème « non discrimination à l’embauche sur des critères de choix vestimentaires et tutti quanti », ce n’est pas une ultra haute priorité, et puis ça risque de gêner un peu les …  comment dit-on déjà : les « partenaires sociaux » : déjà, c’est l’exact contraire des formations diverses et variées offertes par Paul) soit particulièrement trippante.

 

Juste que la miss lookée Versailles m’ennuie profondément : regardez un peu sa raie capillaire et essayez d’affirmer avec conviction que là d’un coup vous ne suintez pas d’ennui et que l’absence totale de surprise et de curiosité n’envahit pas subrepticement vos synapses ?

 

Malgré l’hyper open-attitude de nos différents media, malgré la récurrence de tout plein de trucs « pas ménagère de moins de 50 ans » pseudo marginales sur nos chaînes télévisées, vous remarquerez que nulle part, dans aucune série, les tatouages, piercings et autres modifications corporelles, les looks … euh, on va dire affirmés, sont plus fréquents qu’une plume sur le cul d’un varan.

C’est sans doute la raison principale pour laquelle je suis assidument  la pourtant pas plus top que ça série NCIS, rien que parce qu’il est hors de question de manquer ce qui est presque la seule occasion d’admirer à l’écran un personnage dont la personnalité vestimentaro-lookesque navigue, même un peu, hors des sentiers battus (et puis qui n’est pas fan de Pauley Perette ?)

Qu'est-ce que je disais?....

 

Qui pourrait ne pas être fan de Pauley Perette?!

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Parmi tout ça, les pratiques de tatouages m’ont toujours extrêmement parlées tu vois, et ma mayonnaise personnelle ne s’est pas effondrée avec mes années d’études en anthropologie, au contraire.

Mais bon : comédienne d’abord puis bloubiboulga ensuite, je me suis toujours dit que malgré mon attirance  pour des trucs comme ça

Par exemple elle je la trouve ultra chouquette voyez 🙂

                               ou ça

Evidemment!

 

ou bien cela,

1000 fois plus princesse que cette cruche de Belle au Bois Dormant!

             

Comment ne pas finir avec THE héroïne 😉

no way.

 

Alors bon, mon immense fascination intellectualisée ET ultra charnelle sur les tatouages,  ça serait niet ; que non non non non non, je ne le ferai pas.

Genre : veux pas me mettre une désavantage en plus sur le dos dans ma recherche d’emploi, je me suis depuis plus de 15 ans interdite de faire le second tatoo de mes rêves : un dragon d’inspiration japonaise en dos total.

Bon. Il y a un certain nombre d’autres choses que je n’ai pas faites, non plus, pour ne pas risquer de porter préjudice à ma « carrière ».

 

 

Soyons sérieux:

No carrière.

No job.

Un foutage de gueule à digérer par mois en moyenne.

 

Je ne peux plus m’offrir une année sabbatique à Auroville ou ailleurs, je peux difficilement prendre mon sac à dos et mon book datant de 15 ans me faire la Côte Ouest, mais par contre, je peux toujours faire le tatoo dont je rêve depuis 15 ans.

Mon mirifique boulot ne me permet pas d’obtenir une sécu ou quoi que ce soit comme statut ?

 

OK.

 

Cette somme d’argent supplémentaire dans le budget familial ne me permet pas d’envisager à moins de le planifier sur un an des achats  post Ikea (dans une vie antérieure je pensais qu’un jour j’habiterais dans une maison qui ne fait pas jeune imberbe acnéïque tout frais sortir de chez papa-maman, et que les planches en contreplaquée vérolé qui ne supportent pas plus de 5 bouquins sans se tordre alors qu’on en met 100 dessus, cela appartiendrait au passé. Encore un truc qui prouve ma totale déconnection de la réalité). Mort aussi pour offrir des vacances à mon gnome ou à moi.

 

Par contre, si je prends ma mauvaise foi et l’encadre en disant que c’est de l’art (un peu comme Boltanski quoi) et ultra profond, je peux sans frémir assurer que mon salaire me permet juste de faire ce gigantesque tatoo, en tous les cas la première séance de traçage, sans problème.

Alors voilà, truc de fouuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuu !

 

Je vais me faire un truc:

* rien que pour moi et qui me fait plaisir

*  totalement inutile en soi

* faire comme si dépenser tous ces euros pour me faire plaisir et faire en sorte que je ne pourrais plus mettre de débardeur quand la vie, cette chienne, me conduira à me mettre en mode « je ne choque personne je ne suis personne et on ne me voit pas d’ailleurs. Amen ».

* arrêter de ne pas risquer d’hypothéquer un futur aléatoire, parce qu’il n’arrivera jamais, et juste m’offrir, à moi, le plaisir de renaître dragon.

 

Et, oui, je sais, je n’ai mis aucune photo de tatouage.

 

 

Mathématiques élémentaires et toutes ces sortes de choses……

Posted in Cherche présent et avenir désespérément, Mensonges et plus si affinités with tags , , , , , , , , , , on 14 avril 2011 by violemmenthumaine

Bien le bonjour chers/chères Inconnus/es….

Comment le dire avec politesse ?….

Ah si je sais : je ne suis pas contente.

J’ai beau avoir un boulot là maintenant, je ne suis pas contente.

In petto tu te dis, toi lecteur assidu de mes péripéties de Chômeuse à Durée Indéterminée, que j’abuse grave et qu’à la réflexion, je suis une « jamais-content(e) ».

Perso je suis une grande fan de l’ornithorynque, dont l’existence justifie pour toute éternité les réclamations successives du poulet originel (pour ceux qui, -toutes mes condoléances- n’ont jamais été bercés dans leur enfance par l’histoire du Jamais Content, ruez-vous à la bibliothèque la plus proche)

Sauf que voilà.

Lis, compte, hallucine, et après on verra si je suis toujours un ornithorynque.

Récapitulons histoire de.

Enfin, at least, que les mânes des zigolmars à poil dur en soient à tout jamais remerciés, j’ai dégoté un petit boulot en attendant Moby Dick, deux petits boulots même.

Le premier à 2 heures et 30 € par semaine, et le second tout chouca-roudoudou, mariant intérêt, changement, liberté et….. bonne rémunération. D’ailleurs Paulette me l’avait dit, avec ce truc vous pouvez gagner jusqu’à 2000€ par mois.

Trêve de conneries.

Reprenons, dans la joie la bonne humeur et l’exactitude, les faits à la lumière d’un mois réjouissant car regorgeant de missions pour ce sublime boulot dont j’avais toujours rêvé.

  • Intéressant : hum, oui, ça, je n’ai pas changé d’avis sur la question, et même si certaines missions sont chianchiantes, cela me permet de découvrir un tas de domaines, un tas de dynamiques sociales aussi, un tas de « savoir-être » bizarres autant qu’étranges, blablabla blablabla.
  • Changement : ça c’est clair qu’entre un CA du magasin X, un lancement de projet gouvernemental, une réunion de big boss du CAC 40 sur les outils de développement de productivité par l’informatique ou le bilan financier de l’entreprise Y, c’est varié, tout comme les lieux des missions et leurs horaires…

Pas le temps de se figer dans un habitus (encore un mot barbare de pédant d’anthropologue/sociologue. Que Google soit avec toi mon Ami), et à chaque fois c’est la surprise : va-t-on me parler comme un chien / faire comme si j’étais invisible / me servir un café / venir un à un me serrer la main ?  Y’aura-t-il une table et une chaise prévue pour moi ou non ?  Y’aura-t-il un moyen d’identifier les intervenants, genre plaquette avec le nom, programme ou quoi que ce soit ou devrais-je avoir des talents de medium?…

Et surtout, LA question, The question, dont la réponse conditionnera le degré de… on va dire de difficulté pour ne pas dire faisabilité du taf : les intervenants sauront-ils parler ? Si si, la question peut se poser : visiblement, une partie plus que non négligeable des cadres et autres huiles, qui pourtant passe beaucoup de temps professionnel à parler en public,

1)      articule autant que Mick Jagger,

« Rhoo la honte, cest vrai que j’articule moins qu’une vache ça craint… »

2)      parle aussi fort qu’une souris sous Tranxène,

Énergie avec laquelle certains intervenants parlent. En général ce sont les mêmes qui toussent aussi…

3)       avec un discours aussi structuré qu’un tableau de Pollock,

En fait, là, il y a une structure. Là, pas obligatoirement dans un discours de ponte.

4)      Discours aussi peu bourré d’hésitations et mots-à-la-con-genre-heu-bin-alors-en fait-effectivement-il-faut-savoir-que qu’un ministre devant un contrôle fiscal.

Autant le dire tout de suite, cela ne facilite pas la transcription.

Quand, en plus, le truc à transcrire a lieu dans un lieu mal sonorisé ou lorsque les participants jouent à qui-toussera-le-plus-fort et à qui-recevra-le-plus-de-coups-de-phone-ou-de-sms, la transcription devient de la haute voltige et nécessite obligatoirement le port d’un casque-à-la-con qui rend sourd et migraineux, je veux dire vraiment migraineux, avec l’impression d’avoir le crâne au bord de l’explosion, au bout de 2h….

  • Liberté : oui, c’est sûr, je peux toujours dire non à une mission. Oh yeahhhhhhhhhhhh.

 

  • Bonne rémunération.

Ah ah ah. Ah. Ah.

C’est là que toute personne sachant que 2 + 2 = 4 sera immédiatement plongé dans cette hilarité bonne enfant.

Sans reprendre le détail des rémunérations, le truc crucial auquel tu fais trop grave pas attention lors de l’entretien d’embauche, toute survoltée que tu es par le 72€ par heure de transcription, c’est que, justement, ce sont les heures de réunion enregistrées qui sont payées, pas celle passées à les retranscrire. Ce qui fait que sur ta feuille de salaire, quand toi tu as bossé 29 heures il est écrit 7,40 heures de travail, et que tu es payée pour ces 7,40 heures et pas pour tes 29 heures d’écoute-transcription et 19 heures de migraines intensive.

Ça change les perspectives.

D’abord, oh la bonne blague, un truc basique que tu calcules autant que le nombre exact de fois où l’on s’est curé le nez devant toi : ce sont les heures comptées sur ta fiche de paye qui sont à la base du calcul pour l’accès à la sécurité sociale et aux assedics. Même si tu parviens, dans le monde rose et meringué de Candy, à caracoler sur un rythme de 6 heures de taf par heure enregistrée, tu n’auras jamais assez d’heures comptées pour avoir droit à la Sécu et encore moins pour espérer un jour avoir droit aux indemnités de chômage.

C’est pas rigolo ça ?

Côté week-end en Ferrari aussi ça change la donne. Je ne sais pas dans quel monde vie Paulette, sans doute un où tout le monde fonctionne aux amphètes ou à la coke et peut donc tafer 20 h par jour, pour affirmer que quiconque puisse gagner 2000€ par mois avec ce job.

Pour chacune des missions que j’ai menées pour eux jusque là, j’ai mis en moyenne,:

9 h / h,  17 h / h, 13 h / h et 9h 30 / h de travail par heure enregistrée.

Au final, cela donne l’équivalent d’

une paye de  3 euros de l’heure.

 

Pour de vrai.

Comme je ne suis pas une petite fille de 6 ans thaïlandaise bossant pour Nike ou Adidas ni un mineur du XIXème siècle, je ne peux donc considérer que ce job apporte une « bonne rémunération ».

Le truc de ouf, la goutte d’eau qui fait que la cruche inonde ta moquette pourrie, c’est qu’avec le temps que cela te prend déjà, tu ne peux espérer prendre plus d’une mission et demi par semaine, tu ne peux plus trop bosser sur des trucs persos, et que tu dois te faire une motivation d’athlète olympique pour te convaincre de surfer sur les sites d’offres d’emploi les rares jours où tu ne bosses pas.

A part ça c’est cool.

Semaine d’HP

Posted in Act up!, Cherche présent et avenir désespérément, Hors case with tags , , , , , , , , on 22 mars 2011 by violemmenthumaine

Inconnu/e cher à mon cœur….

C’est zarbi non la vie ?

Normalement, je devrais n’avoir envie que de vous parler de mes sublimes bonds en avant professionnels, (de mes deux contrats, ah non c’est vrai il n’y a pas de contrats puisque chaque « mission », chaque vacation quoi, même si le statut ne sera pas celui de vacataire, nécessite un autre contrat).

Mais en fait franchement pas.

Ma putain de semaine-d’il-y-a-3-semaines a été saturée d’HP* et voilà, tant pis, j’ai du mal à sortir de ça.

Comme j’ai du mal à ne plus lire d’anthropologie, je ne parviens pas à évacuer l’H.P de ma life, non plus que de mes réactions primaires.

Hein, quoi ?

Pfff, vous suivez rien les crouquougnous ! H.P = Humanitaire Professionnel. Bon. Donc:

Après que, suite à une nouvelle utilisation de mon travail sur un blog humanitaire très suivi, j’ai enfin osé contacter l’ONG qui tient le dit blog pour évoquer le … euh… l’étonnement que j’ai de voir que tout le monde utilise et même parfois suit mes recommandations mais que personne ne m’engage jamais, on m’avait répondue.

On s’était excusé même. On m’avait proposé un rendez-vous.

Vous m’aviez pour nombre d’entre vous chaleureusement félicitée et souhaitée tout plein de trucs totalement irréalistes pour la suite de cette affaire.

Bien sûr, comme je le pensais et le savais d’avance, cela n’a abouti à aucune sorte d’espoir de rémunération/boulot futur.

Mais, encore une fois quand il s’agit d’H.P, on m’a considérée, parlée comme à une professionnelle.

Mais on m’a proposée –et bien sur je vais le faire, comme toujours- de publier à mon tour dans ce fameux blog et d’exposer pourquoi je trouve que les anthropologues devraient être engagés et considérés comme une valeur ajoutée dans les programmes d’H.P.

La veille de ce rendez-vous ultra productif pragmatiquement parlant, j’ai eu au téléphone l’équipe de l’ONG qui m’a succédée par le biais de mon Barbu en goguette professionnelle à Kinshasa. Et…

Ça ne change rien, Ça ne me donne pas de boulot.

Mais entendre, et surtout savoir, réaliser, que le travail que l’on a fait a changé les choses….

Qu’il y a pour de vrai un avant et un après soi.

Que…

Ouais, désolée aujourd’hui je suis peu ressemblante à moi-même dans mes posts, mais, vous savez quoi ? Me dire que moi, Vcomme…, j’ai vraiment permis que la vie des plusieurs personnes, et là on parle de centaines voire de milliers de personnes, soit moins pourrie, que des victimes de viols aient enfin accès à de l’aide, que les interventions en la matière soient un peu moins connes et un peu plus utiles…

Bah entre les deux, entre  ce coup de téléphone de l’autre bout du monde et mon déjeuner parisien, j’ai réalisé que, oui, c’est ça,

c’est ça que je suis.

Professionnellement. Je joue un rôle là-dedans.

Là, dans ce secteur, dans ce champ du monde, je suis utile.

Je suis compétente.

J’en suis fière. En fait, j’en ai le droit.

Et quand je fais ça, quand je travaille pour ça, quand je réfléchis sur ça : je prends mon pied.

Alors bon, voilà, je ne sais pas combien de temps cela va prendre ni même si je vais réussir à gagner ma guerre insurrectionnelle (tiens, je ferais bien un beau schéma sur la question…) personnelle contre les absconseries (je continuerai jusqu’à la mort à pondre des barbarismes et je proute celles et ceux que ça défrise) du marché du travail dans l’humanitaire et ce que j’appellerai plus vastement l’anthropologie appliquée, je mènerai les batailles collatérales des tafs alimentaires, mais, oui, j’arrête le reste.

C’est la Fêêêêêêêêêêête…..

Posted in Des humains supra chouettes, Hors case, XX et XY with tags , , , , , , on 8 mars 2011 by violemmenthumaine

 

 

Salut mes Inconnus/ues préférés/es !!!

 

Aujourd’hui comme toute la semaine dernière et pour encore un bon moment (chic chouette patacouette) j’ai la tête dans tout plein de choses diverses et variées, et pas plus le temps que ça de me mettre à mon clavier.

 

Seulement, aujourd’hui ce n’est pas  seulement le jour de mes tests afpa, aujourd’hui il paraît que c’est la Fête de la Femme.

Comme je n’ai pas le temps, je ne me lancerai pas dans un match à la con pour/contre bourré d’arguments bidon et de mauvaise foi,

je ne rendrai pas hommage aux Hommes ni à « La » Femme qui n’existe pas,

je ne parlerai pas non plus de ma Fête de la Femme congolaise,

ni de celle de l’an dernier où j’ai passé la nuit au poste sous les humiliations des schtroumpfs après avoir passé la journée à me faire insulter par les juristes et militants associatifs luttant contre les violences faites aux femmes.

Je ne parlerai pas non plus du recul hallucinant qui plane sur le droit des femmes à disposer de leur corps et combien mon dernier passage à Saint Michel au beau milieu des « pro-vie » ânonnant des cantiques en latin (si si) avec mon gnome m’a foutu la gerbe,

ni même ne pondrai un billet mode d’emploi pour toutes les gisquettes en prévision de la prochaine agression qu’elles auront à affronter avec exemples divers et personnels à l’appui.

 

Non.

 

Je me contenterai de recopier le texte que j’avais écrit dans le cadre des cours de chishona que j’ai suivi lorsque ma vie tumultueuse m’a menée jusqu’à Harare.

Entre tous les pays dont personne ou presque ne parle il en est un, le Zimbabwe, où l’apartheid saigne encore dans tous les esprits (vi vi, il n’y a pas eu que sa voisine l’Afrique du Sud, il y a eu aussi le Zimbabwe, qui s’appelait alors la Rhodésie du Sud).

C’est la dernière dictature maoïste du monde avec la Corée du Nord.

Son économie peut faire faire des cauchemars n’importe qui: c’est une expérience bizarre que d’aller faire ses courses avec 10 millions de dollars dans son sac à dos. ou de pouvoir prendre un bain de billets avec la somme nécessaire pour acheter un kg de farine et un kg de sucre.

La séropositivité de la population oscille entre 18 et 28%, et voyez-vous jamais personne là-bas ne dira cette contre-vérité de plus en plus répandue que « on le guérit maintenant le sida »……

On y parle comme partout ailleurs qu’en Europe quantité de langages, mais on peut grossièrement dire que la moitié nord du pays parle le chishona et la moitié sud le ndebele. (une langue à clic, juste un truc de ouf!)

J’ai eu la chance (ahhhhhhhhhhhhhhhhhh les avantages de ne pas travailler ma bonne dame….) de pouvoir non  seulement, comme à mon habitude, grappiller des infos linguistiques et progressivement baragouiner deux ou trois phrases, mais de pouvoir prendre des cours de shona. Collectivement d’abord, auprès de « l’alliance allemande », puis en cours particulier au domicile de ma prof, B.

Je suis devenue plus proche  d’elle que ce que tout zimbabwéen pensait visiblement possible entre un/e Blanc/he et un/e Noir/e  et elle fut ma bulle d’oxygène dans cet univers si cloisonné….

Elle me proposa quelques jours avant que je ne doive quitter le pays de montrer si j’avais bien tout assimilé de mes leçons en écrivant «  un texte qui parle de nous ».

 

Alors j’ai écrit ça :

 

Nolakatandara pano ne panze,

Je me suis assise ici et ailleurs et j’ai écouté,

Uye pano ne panze nguwa dzose.

Et ici et ailleurs c’est la même chose.


Varume vanotonga vakadzi uye vakadzi vanotongwa ne varume.

Les hommes dominent les femmes et les femmes sont dirigées par les hommes.


Asi….

Mais…..


Asi chinhu chisingafanirwi kukanganwa ne vakadzi, kuti….

Mais il est une chose que les femmes ne devraient pas oublier, et c’est….

 

Mukadzi ndi amai we murume.

La femme est la mère de l’homme.

Mukadzi anobika, uye kubika kunobata mhuri.

La femme cuisine, et cuisiner unit la famille.

Uye chikafu murume anoda mukadzi kuti asafe.

Et par la nourriture, l’homme a besoin de la femme pour ne pas mourir.

 

Mukadzi anozvara.

La femme donne vie.

Uye ne vana murume anoda mukadzi kuri asafe.

Et par les enfants l’homme a besoin de la femme pour ne pas mourir.

 

Mukadzi anopa chinhu chake ku murume chinhu chake.

La femme donne sa chose à celle de l’homme.

Uye ne usiku murume anoda mukadzi kuti ave murume chaiye.

Et par la nuit l’homme a besoin de la femme pour devenir véritablement un homme.

 

Uye varume vanotonga vakadzi ?

Et les hommes dirigeraient les femmes ?

Maiwee-ee ! Jakayoma !

Mon Dieu, on croît rêver !

 

Icho, chokwadi varume vanotandanisa vakadzi, uye vangadonha kana vakadzi vava vavasiya.

La vérité vraie, c’est que les hommes courent après les femmes et qu’ils s’effondreraient si les femmes les quittaient.

___________

 

B. l’avait lu, elle avait ri. Elle m’avait prise dans ses bras et quand elle s’était reculée elle avait les larmes aux yeux. Elle m’avait dit que mon shona était devenu excellent (souvenirs souvenirs), soupiré, secoué la tête et déclaré (* le Zimbabwe est anglophone):

« Hum, You’re so so strange mama’, your skin is just liar! You are shona! Right now you took my …. You feel the female breath and plays with it in our own game!”

 

 

Je crois que c'est la Meuf de CLG qui a bidouillé cette image.

 

PS: Moi pas prendre à mon compte patati patzta. Moi seulement dire « recul », « écouter », « autres perspectives ».

 

De l’art de faire plier la réalité au marché, cours magistral 1

Posted in Act up!, Mensonges et plus si affinités, XX et XY with tags , , , , , , , , , on 10 janvier 2011 by violemmenthumaine

Me revoilà déjà. Ma colère de geek dopé-aux-pixels s’est calmée, et comme à mon grand regret je n’ai pas encore reçu aucune des réponses que j’attends de plus en plus fébrilement (pour celles et ceux qui suivent ça concerne principalement l’assoce avec qui je bosse, au final, comme d’hab, bénévolement puisque les contrats d’aide à l’embauche/CAE/CUI n’existent plus, dans l’espoir fou de réussir à vendre les projets demandés et donc à me faire salarier ou au moins payer. Youpie.et puis mes autres projets bizarres aussi, où j’attends….. des trucs), je vais donc me remettre à l’ouvrage ici et maintenant.

Il est très facile de m’énerver tu l’as sans doute déjà remarqué ô Inconnue/u.

Le dernier truc en date m’a vraiment beaucoup, beaucoup, beaucoup escagassée. Tellement que, comme d’hab, j’ai passé un temps certain à contempler Il s’agit d’un article paru dans le Dailymail, un des plus gros quotidiens anglais. Vous pouvez y accéder ICI.

Bon, avant que d’aller plus loin, je présente mes excuses à l’avance à la dame si sa recherche a été, comme tant de chercheurs en sciences humaines, trahie/abêtie/détournée par la journaliste et que l’article en question ne reflétait pas, en fait, son analyse, que, je dois reconnaître, je n’ai pas lue hein.

Ça, c’est fait.

Alors, cet article qui résume un travail de recherche, il dit quoi ?

Pour ceusses qui ont la flemme et pour ceux qui sont français et donc des pines d’huitre en langues ne parlent pas anglais, je m’en vais te faire là tout de suite un petit résumé de la chose.

Voilà, y’a une nana qui est chercheuse en économie. (n’oublie pas sa discipline jeune padawan, ça te permettra de mieux sentir le fond du truc).

Comme toute chercheuse elle s’est penchée pour seule motivation la soumission au Capital la recherche de Savoir et la meilleure compréhension de l’humain, avide de découvrir scientifiquement ce qui est le désir profond de chaque femme. Ce sans aucune idée préconçue et aucune conclusion pré-écrite bien sûr.

Alors, on peut résumer le truc ainsi.

LES DONNEES

= ce qui est VRAI, constatable, mesurable, vérifiable, à partir desquelles la chercheuse a tiré ses conclusions.

Les femmes anglaises et espagnoles (mais les tendances sont les mêmes dans le reste de l’Europe et l’Australie), sont mariées pour 38% d’entre elles au Prince charmant/à Greg le millionnaire, en fait, plus vaguement à un homme « financially successful » et plus précisément, à un homme « who earn more than themselves » = qui gagne plus qu’elles-mêmes.

Ce, à un degré supérieur à ce qui se passait dans les années 40 (où là, dixit le rapport/la recherche et l’article, ces mariages hypergames –et vlan ! je me lâche en jargon anthropo et perd au passage 80% de mes lecteurs. Bon, mariage hypergames = un mariage où la femme occupe le statut social le plus bas-  ne représentaient que 20% des femmes), « malgré des années de campagne pour l’égalité entre les sexes ».

Ça ce sont les faits, et ni moi ni personne ne pouvons, à moins que la chercheuse en question ait fait de la merde et mérite autant le nom de chercheuse que moi celui de sosie de Grâce Jones, le nier.

A la question de savoir le pourquoi de la chose, la chercheuse comme la journaliste expliquent sans sourciller visiblement l’ombre d’une seconde que, c’est parce que

l’analyse

1)      « The idea of most women wanting to be financially independent is a myth” = l’idée selon laquelle les femmes veulent leur indépendance financière est un mythe.

2)    Les femmes DESIRENT être femme au foyer même si :

3)      La plupart n’osent pas avouer et reconnaître cet état de fait car le discours majoritaire le dévalorise. : « It is so politically incorrect to admit it ».

En conséquence de quoi (sic), il est « normal que les femmes gagnent moins que les hommes à statut égal », et  si « men dominate the top positions » = les hauts postes sont avec une majorité écrasant tenus par des hommes, c’est « because women simply do not want careers in business » = parce que les femmes ne veulent simplement pas faire carrière.

Attends attends c’est pas fini !

Le truc tu vois (je te vois t’agiter là minette, tss tss, écoute la voix de la sagesse on te dit. Chuuuuut !), c’est que nous les femmes on ne veut pas « faire la balance entre carrière et vie de famille », on veut juste la vie de famille tu vois.

D’ailleurs les « women today have more choices than men, including real choices between a focus on family work and/or paid employment” = les femmes aujourd’hui ont PLUS DE CHOIX que les hommes, y compris de choix entre une vie centrée sur la « travail familial » (wtf ?) et/ou un travail rémunéré.

 

Même que, en fait, les politiques visant à aplanir les salaires hommes/femmes, c’est du caca, c’est « rest on faulty assumptions and dated evidence. The latest research shows that most of the theories and ideas built up around gender equality in the last few decades are wrong” construit sur de fausses hypotheses et des preuves obsolètes? Les dernières recherches montrent que la plupart des théories et des idées construites autour de l’égalité des genres dans les dernières décennies sont fausses”.

En fait, CQFD, « contrairement aux affirmations des féministes, la vérité c’est que les hommes et les femmes ont pour la plupart des aspirations différentes en matière de carrières, de priorités de projets de vie. »

Bon.

Voilà.

Ah, n’oublions pas –quand même- le seul truc objectif et réellement analytique de l’article, qui explique que les politiques augmentant les privilèges des femmes pour les congés maternités aboutissent au contraire de leurs objectifs, soit à une augmentation de la discrimination des femmes dans les entreprises parce que les patrons s’inquiètent de leur projets de maternité et des congés afférents.

De la démarche scientifique

 

Je pourrais me lâcher et jouer ma  « féministe hystérique » (association fatale et semblant pourtant si naturelle, comme si on ne pouvait défendre les droits des femmes sans entrer dans un tableau de psychopathologie clinique).

Je pourrais parler de moi, de combien cette situation de dépendance financière d’avec mon barbu me rend folle et me fait sentir une merde, de combien justement le fait d’être socialement réduite au rôle de Mère (avec majuscule et tu comprends en fait j’ai de la chance et tout et tout) me rend malade dans tous les sens du terme, de combien je souffre de mon absence de carrière et combien je trouve injuste la différence de traitement entre moi et mon barbu à stade égal pour la seule raison que je suis femme et lui homme.

Mais non, ça n’aurait que peu d’intérêt, et à vrai dire, ça serait également peu scientifique, peu « vrai » même si profondément réel.

Je veux juste souligner quelques traits, histoire de….

1)      Du contexte de la recherche « scientifique »

Bien sur, le fait que cette « recherche », publiée d’ailleurs non sous la forme habituelle d’une recherche (thèse, bouquin) mais sous celle d’un « rapport », sorte au moment où l’Union Européenne songe à allonger le congé maternité et à l’uniformiser dans tous les pays de la CEE, ainsi qu’au moment où un député anglais fait une proposition de loi aboutissant à  la contrainte légale d’une égalité des salaires hommes/femmes, c’est une pure coïncidence et je suis certaine qu’aucune entreprise avec une dynamique sexiste ne finance le think tank originaire de l’étude.

2)      De la représentativité des données collectées

 

Je rappelle que les conclusions du rapport portent sur « les femmes », voire même « les aspirations/désirs des femmes ». On ne parle pourtant dans l’article que des femmes mariées. Je sais pas moi, je n’ai pas accès aux données démographiques anglaises, ni n’ai fait de recherches sur la question sur celles de la France, mais…… Quel est le pourcentage de femmes mariées parmi la population féminine adulte ? Et parmi la population féminine en couple ?

Moi, on m’a appris que ce genre de choix de population ce n’était pas représentatif, et que cela s’appelait biaiser les données. Mais en même temps moi je ne suis pas chercheuse à la London Academy of Economics et ne suis pas financé par le plus gros think tank de politiques gouvernementale anglais.

3)      De l’oubli (volontaire ?) des données allant dans le sens contraire des conclusions

Rappelons les deux périodes mises en comparaison : les années 40 et aujourd’hui.

Durant les années 40 il y a eu 1° la guerre et 2° la reconstruction post-guerre mondiale, soit le plein emploi absolu, avec emploi de presque toute la population féminine.

Aujourd’hui le chômage est une réalité pour tous les pays du monde ou presque.

 

4)      Du retournement des analyses contradictoires en une phrase péremptoire

« Sex differences are treated as self-evident proof of widespread sex discrimination and sex-role stereotyping rather than the result of personal choices and preferences”. =

Les différences [de statut, enfin j’espère que la dame sous-entend la chose] entre les sexes sont traitées comme des preuves indéniables d’une discrimination sexuelle généralisée et une caricature stéréotypée des rôles sexués plutôt que le résultat de choix personnels et de préférences. »

Certes. Le problème, c’est que la phrase peut rigoureusement être inversée, en tous cas c’est que les tenants –et tenantes- de la femme à la maison-qui-s’occupe-des-mioches-et-fait-la-cuisine-et-le-ménage-tandis-que-tarzan-ramène-les-picaillons-à-la-force-de-ses-biceps-et-de-ses-neurones-supérieurement-développés ont toujours expliqué.

Aucune preuve. Aucune  analyse pour légitimer cet ensemble d’affirmations.

5)      Du « désir » féminin

En fait, tout repose sur… sur quoi ?

La chercheuse est économiste n’est-ce pas ? En quoi a-t-elle plus de légitimité qu’un boulanger, une informaticienne ou un champion de tennis pour espérer pouvoir analyser les désirs d’une population ?

Est-elle psy ? Sociologue ? Anthropologue ?

A-t-elle pris le temps d’observer ces femmes dans leur vie, dans leur interrelation aux autres, a-t-elle eu de longs entretiens ouverts et contradictoires, a-t-elle confronté leurs déclarations à elles-mêmes, à celles des autres, aux pratiques de ces femmes ?

Comment a-t-elle eu accès à ces « désirs » féminins si enfouis que, elle-même le dit, les femmes ne le disent jamais, pas même à leur conjoint et si rarement à elles-mêmes ?

Elle a une boule de cristal en liaison directe avec « la » psyché féminine ?

D’ailleurs, pour terminer mesquinement comme tout un chacun ou presque : dîtes donc, comment peut-elle vouloir faire des « recherches » en économie la dadame ? Et la journaliste ? Allez, oust, à la maison, allez torcher vos mômes et faire des ourlets aux napperons. Êtes-vous réellement des femmes, mesdames, à vous obstiner à être chercheuse et journaliste ? Soyez un peu cohérentes avec vos délires merde!

Tout ça pour dire que, si là presque tout le monde peut voir où la démarche n’a pas grand-chose de scientifique, ce n’est pas forcément le cas pour la plupart des « études » dont les media, et plus spécialement les portails de news sur le web, font la promotion via des résumés-minute de recherches faisant des centaines de pages.  Et pourtant il en est de même pour nombre d’entre elles. Il en est ainsi par exemple de celle sur le « retard » des personnes nées au mois de Décembre (tout enseignant saura de quoi je veux parler et se sera énervé à la vue de ces encarts)….

Plus la recherche en sciences humaines sera « sponsorisée » et plus on arrivera à de tels n’importe nawak : les chercheurs ne servent pas à « trouver » et surtout pas à comprendre, mais à servir de caution pour manipuler.

Mais c’est pas grave je suppose.

D’ailleurs, comme je suis une femme je m’en vais me détourner de cet objet de Satan qu’est ce Pc pour aller faire l’unique chose à laquelle j’aspire puisque je n’ai ni bite ni couilles et si peu de testostérone : les courses.

Olé !